10 novembre 2010

TUNISIE : La valse des entraîneurs continue

Plus de quatre entraîneurs limogés en ce début de saison. Trop pour un championnat encore en rodage. Le phénomène est plus complexe que ce que l’on pense.

Les entraîneurs de basket en Tunisie vivent dans la précarité ces jours-ci. Ce n’est pas un scoop que l’on rapporte, ça a été toujours comme ça pour les entraîneurs de toutes les disciplines collectives. Nos entraîneurs n’ont pas dérogé à la règle: ils préparent toujours leurs valises au moment de signer le contrat. Dernièrement, et à peine 7 journées jouées que la valse des entraîneurs a commencé avec les départs de Walid El Gharbi, Abdessattar Elloumi, Sami Husseïni et Nidhal Abdelkarim. Pour quelles raisons ? Insuffisance de résultats, et la liste est encore ouverte. D’autres techniciens se trouvent sur un siège éjectable. Il suffit d’un panier raté en fin de match et d’une victoire qui tourne à la défaite pour que la décision tombe: c’est l’entraîneur qui paye cash toutes les maladresses du monde! Ce n’est certainement pas nouveau, en basket, rares sont les clubs qui maintiennent leurs entraîneurs. La JSK, l’ESG, le TAC et l’ESR sont les premiers à déclencher cette déferlante, et l’on n’est pas à l’abri d’autres décisions. On a parlé d’insuffisance de résultats, mais pour une première phase qui vient juste de commencer (on n’est pas encore dans l’étape cruciale de la saison), est-ce le temps de faire des bilans ? A-t-on donné les moyens nécessaires pour exiger des résultats ? La plupart des clubs ont repris tard, trop tard, avec des effectifs décimés et des joueurs inactifs pendant plusieurs mois. Sans recrues, sans argent ou presque, n’importe quel entraîneur au monde ne peut faire grand-chose. Parfois, on demande à un entraîneur de passer au play-off et de battre les concurrents alors que l’entraîneur n’est pas capable de trouver 7 joueurs en forme pour monter une équipe. Nous pensons bien que tout un processus complexe explique cette valse des entraîneurs: les dirigeants se cachent derrière l’entraîneur pour fuir leurs responsabilités. On finit par sacrifier l’entraîneur en exercice pour calmer les supporters et pour chercher une relance qui peut venir et qui peut ne pas venir.

Coupables

On sait tous que tous les clubs sont encore en rodage. L’effet championnat du monde n’a pas eu lieu; la distance est énorme entre la sélection et les clubs. Championnat fragile, et même ennuyeux à ses débuts. Ce qui se passe actuellement n’est qu’un triste nivellement par le bas. Quand la JSK, l’ESR, l’USM, le CA , entre autres , en arrivent là, ce n’est guère un indice positif. La remontée des mal-classés ne prouve pas leur bond de qualité, mais plutôt la régression des favoris. Là, on peut aussi reprocher aux entraîneurs quelques mauvais choix de joueurs et de plans de jeu . On peut aussi leur reprocher le fait d’accepter de travailler dans des conditions précaires avec des moyens humains et financiers inexistants. Plusieurs entraîneurs n’aiment pas se recycler et se prendre en charge sur cette question. Malheureusement, il y en a ceux qui préfèrent passer leur temps à attendre un poste vacant et un «collègue» qui va partir, au lieu de se consacrer à leur club et à leurs joueurs. La solution, c’est de revaloriser le métier d’entraîneur de basket et de motiver les formateurs des jeunes. Un entraîneur de jeunes a plus de mérite qu’un entraîneur des seniors, à notre avis. Championnat fragile, des clubs qui gèrent mal les crises de résultats et des entraîneurs qui font tout pour rester à leurs postes, nous avons vraiment besoin d’un grand recul.