17 août 2009

CÔTE DE IVOIRE : Un vice-champion pas comme les autres

Discrète depuis 1985, date du dernier sacre continental, la Côte d’Ivoire a attendu 24 ans avant de renouer avec le podium des trois meilleures sélections africaines de basket. Médaillés d’Argent en Libye, les Eléphants s’invitent au Mondial 2010, en Turquie. Le chemin pour y arriver ne revêtait aucune évidence pour aucune opinion.

Au buser d’une finale Angola-Côte d’Ivoire qui restera gravée dans les anales du basket africain, ce sont les Palancas Negras, vainqueurs de la 25e édition de la coupe d’Afrique des nations, qui exultaient. Et pour une énième fois dans le monde du sport, les vaincus n’était pas en pleur. Dans le cœur et la tête d’Ismaël N’Diaye et ses coéquipiers, sonnait certainement les cymbales d’une paix intérieur, l’expression du devoir fait, une mission accomplie au-delà même des espérances. Car la voie vers le titre de vice-champion d’Afrique ne portait aucun espoir.

Un départ pas reluisant

La préparation prend du plomb dans l’aile avec l’absence de plusieurs sélectionnés due à des problèmes administratives, de disponibilités de certains athlètes évoluant tous en Afrique du nord, en Europe et aux Etats Unis d’Amérique. Randoald Dessarzin, le head-coach en personne subit lui également les affres de la mauvaise organisation mise en place par la Fédération Ivoirienne de Basket-ball (FIBB). Elle-même mise en difficulté par des problèmes de décaissement de fonds de la part de l’Etat de Côte d’Ivoire. C’est par groupuscules que la préparation se tient aux USA, en en Espagne puis en France. Et alors qu’il devait y avoir un dernier regroupement à Abidjan, les Eléphants, par faute de moyens, regagnent directement Benghazi pour participer à la compétition, sans la «bénédiction» de la population souhaitée par M. Koré Moïse, président de la FIBB.

En Libye, pas au paradis

Alors que certaines délégations se frottaient les mains d’être en Libye pour l’Afrobasket, ce n’était pas le cas de la Côte d’Ivoire, dont le chef de délégation, M. Koré Moïse, arpentait les couloirs du Ministère des sports pour le décaissement du budget alloué à la compétition. Dans la poule A de l’Afrobasket 2009, les Eléphants font un parcours inespéré aux côtés du Nigeria, grand favori de la compétition. Après une défaite face au Green Eagles, les Eléphants barrissent à l’épreuve de la Libye et de l’Afrique du Sud. Les portes des huitièmes de finale s’ouvrent pour les hommes de Randoald Dessarzin.

Reversée dans la poule E, la Côte d’Ivoire, après deux défaites face au Mali et à l’Angola, réussit à battre l’Egypte pour entrevoir la suite du tournoi en clair. Une victoire sous fond de crise profonde. Coupable de ne s’être pas acquittés de leur cotisation, les Eléphants sont menacés d’expulsion de leurs chambres d’hôtel. Et en plus du manque de matériel (manque de chaussures), les athlètes n’étaient pas encore entrés en possession de leur prime dont la moitié a été retournée au Ministère des sports de Côte d’Ivoire. C’est dans cette autre atmosphère indescriptible que les Eléphants se qualifient pour les quarts de finale.

La volonté fait avancée

L’adversaire se nomme Sénégal. Et les Lions de la Teranga ne sont pas de la dernière pluie. Leader du groupe F, les hommes d’Adidas, head-coach, sont également super favoris. Des favoris qui s’écrouleront comme un château de cartes face à la vitesse, et la super volonté ivoirienne. Mohamed Déba fait le ménage dans la raquette, Pape-Philippe Amagou à la main en feu, Eric Tapé et Konaté Stéphane font le spectacle pour une Côte d’Ivoire qui gagne désormais et force le respect. Même le vice-champion d’Afrique y passe. Le Cameroun a pourtant été un morceau dur à croquer pour des Eléphants devenus dompteurs de Lions. Car après ceux de la Teranga, les Lions du Cameroun font l’expérience des défenses des pachydermes d’Eburnie. Alors que 3 millions 275 mille Frs CFA leur avaient été promis en cas de troisième place, la finale face à l’Angola, sonne comme un bonus. Mais pour Dessarzin, c’est un autre défi. Car après la défaite (82-72), le coach suisse affirmera avoir «un goût amer qui reste dans la bouche». Mais il fallait «rester réaliste. (Car), on ne jouait pas dans la même catégorie face aux angolais, déclarait Dessarzin. La performance que ce groupe a réalisée est quelque chose d’exceptionnelle. Toute une nation peut être fière des ces garçons».

Penser vite à l’avenir

Une fierté qui devrait être encore plus grande avec la qualification des Eléphants pour le Mondial 2010, en Turquie. Une première dans l’histoire de la Côte d’Ivoire qui devra à présent, se mettre en branle pour offrir, aux athlètes, les meilleures conditions de participation à ce banquet intercontinental. Et cela débute maintenant par une préparation conséquente avec un groupe renforcé. «J’espère que c’est le début et que c’est une prise de conscience pour toute une nation qui doit être derrière ce groupe qui s’est montré tellement fière d’être ivoiriens», termine Randoald Dessarzin dont le contrat avec la Côte d’Ivoire a pis fin au terme de l’Afrobasket 2009.

Par Patrick GUITEY