TUNISIE : En marge des championnats d’Afrique des moins de 18 ans
Repères à consolider, brèches à colmater
L'équipe de Tunisie a montré des signes rassurants tels que l'organisation défensive et l'esprit de groupe. Cela n'empêche pas de remédier aux problèmes d'adresse et de gabarit
La sélection tunisienne cadette n’a pas démérité au cours de cette CAN. Atteindre le dernier tour d’une compétition regroupant onze nations est toujours un résultat valable et nous ne nous attarderons pas sur les éternels critiques qui cherchent toujours à faire la fine bouche et qui ne ratent pas une occasion pour placer une remarque acerbe. C’est ce que l’on appelle de la critique destructive. Bref! Passons plutôt à une analyse succincte du parcours de cette sélection qui a été prise en main par le sélectionneur de l’équipe senior, Moussa Touré, il y a seulement 8 mois.
Zones d’ombre...
Il n’avait pas tort car au cours de cette CAN, le groupe a démontré, certes, des limites dans quelques secteurs de jeu que seul le travail permettra de rectifier sur la durée. La première remarque que nous ferons et qui a sauté aux yeux et du public et des observateurs avisés a trait au manque d’adresse devant les cerceaux. Que de fois nos filles ont raté des paniers dans des situations vraiment faciles. Un manque à gagner en terme de points, sans compter la frustration pour la joueuse qui devrait chasser rapidement le doute. D’ailleurs, quelques éléments de l’équipe ne prenaient plus l’initiative lorsque la situation l’exigeait, préférant se débarrasser du ballon et s’en remettre à une coéquipière.
Secundo, les joueuses qui sont encore au stade de la formation doivent d’ores et déjà entamer sérieusement un travail plus spécifique. A titre d’exemple, le renforcement musculaire est un secteur de la préparation qui doit prendre plus d’ampleur. La compétition africaine a mis à nu les limites de la majorité de nos joueuses qui, en dépit de leur don de soi et de leur courage, n’ont pas toujours pu rivaliser avec leurs adversaires. Cette réalité est apparue lors des rencontres contre la Côte d’Ivoire, le Nigeria et enfin le Mali.
... et des satisfactions
La question de l’âge n’y est pas étrangère et il est clair que ce problème empoisonnera pour un temps encore les compétitions des jeunes, et ce, au niveau de toutes les disciplines. Pour ne parler que de la finale, il sautait aux yeux que plusieurs Maliennes n’avaient pas moins de 18 ans. Il paraîtrait qu’à ce niveau les moyens existent pour vérifier les âges réels – mais certains indices ne trompent pas.
Le dernier point important à travailler concerne le rythme du jeu en phase offensive. D’ailleurs, Moussa Touré qui en est conscient l’a déjà remarqué:«Notre manœuvre peut être encore plus performante si les joueuses lâchent plus rapidement la balle, ce qui n’est pas toujours le cas. Et puis, une circulation fluide du ballon permettrait d’ouvrir plus de brèches dans les défenses et offrirait davantage d’opportunités. Je reconnais qu’elles sont timides et cela s’est traduit au niveau des statistiques de leurs différents essais».
Mais, tout est loin d’être noir dans ce tableau. Notre sélection a aussi démontré des choses encourageantes. Du cœur, nos demoiselles en ont. Du courage aussi, elles en ont à revendre. Même lorsqu’elles ont été larguées en finale par le Mali,elles n’ont jamais baissé les bras. Ce que nous avons surtout retenu c’est cet esprit de groupe, cette solidarité sans faille de toutes les composantes de l’équipe. Les joueuses entre elles et les joueuses avec leur staff technique, ont démontré une symbiose réelle.
Une bonne ambiance et des liens forts ne peuvent que contribuer à l’essor de cette équipe. Et là, nous rejoindrons encore les propos lucides du sélectionneur lorsqu’il remarque que «les filles n’ont pas encore donné la pleine mesure de leurs possibilités. Elles valent mieux que ça».
Enfin, une dernière remarque de fond. Le basket-ball est une discipline qui exige certaines particularités, notamment au niveau morphologique. Il est temps que l’on se penche sérieusement sur la question. Certes, un groupe peut renfermer des éléments de petite taille, mais, c’est pour tenir au sein de l’équipe un rôle bien déterminé, généralement au niveau de l’organisation. Par contre, ces joueuses pallient cet handicap par des qualités exceptionnelles au niveau de la valeur technique, de l’adresse, del’explosivité, de la vision du jeu, de la rapidité d’exécution, etc. Ceci n’est pas toujours le cas dans cette jeune sélection.
Par conséquent, il faudrait que les choix se fassent assez tôt et de manière plus ciblée. Le travail spécifique par des gens compétents apportera par la suite les résultats escomptés, c’est certain. Certes, nos techniciens auront moins d’opportunités au niveau de la détection que dans un pays comme le Nigeria (environ 100 millions d’habitants), ou encore le Sénégal et le Mali où la nature a voulu que l’on trouve plus de demoiselles de taille avantageuse, mais nous pouvons compenser cela par un travail d’approche plus minutieux au niveau des écoles primaires et des collèges.
Pour le moment, replongeons dans l’immédiat qui a pour nom le prochain mondial prévu à Bangkok (Thaïlande) du 23 juillet au 2 août. La Tunisie qui a une image de marque à préserver y sera présente. Elle se doit de faire bonne figure. Dans cet ordre d’idées, il faut saisir au vol cette occasion où les recruteurs, notamment européens, viennent faire leurs emplettes. La sélection tunisienne renferme des valeurs sûres qui peuvent trouver un terrain plus propice à leur éclosion. Et là, nous pensons particulièrement à la toute jeune Lilia Inoubli qui, à 16 ans seulement, peut se permettre de participer à la prochaine édition de la CAN des U18. Il y a aussi, Khouloud Meftah qui a besoin d’un meilleur suivi, notamment au niveau diététique ou encore la toute timide, Zoubeïda Arrami. En plus clair, la direction technique nationale doit arrêter un programme adéquat dans la perspective de ce mondial.
Camélia TEBBI
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