REUNION : “Le potentiel existe”
À force d’entendre parler de lui, sur les parquets de l’île et en dehors, on a fini par vouloir le rencontrer. Treize années, déjà, que Jacques Boutier a quitté son poste de CTR, celui qui lui avait été confié “comme une punition” par le DTN Pierre Dao. Mais le Lavallois, qui a formé les meilleurs basketteurs réunionnais (Jean-Philippe Tailleman et Florent Eleleara en Pro B, le jeune “retraité” Claude Abdallah...) sur le bitume extérieur du CERHN de Champ-Fleuri, est encore présent dans l’esprit des acteurs de la balle orange. Qu’ils le citent en exemple ou qu’ils condamnent son perfectionnisme, “une qualité qui peut se transformer en défaut. Je n’ai jamais triché, c’est ce qui fait ma force”, confie Boutier, qui se définit comme un “impulsif qui contrôle toujours”. Car des détracteurs, Jacques Boutier en a eu. Il en souriait, mercredi, avant de balayer tout ça des deux mains. “Dans la vie, il n’y a plus que le positif qui m’intérésse”, glissait-il. Le sémillant “super-papy” préfère évoquer les bons souvenirs. L’équipe de choc qu’il formait avec Jean-François Beaulieu, président de la Ligue de l’époque, “Malou” Sadar, les kinés Éric Metas et Jérôme Olivier, le “toubib” Jean-Pierre Ah-Sing et le “prof de muscu” Pierre Marel. Les larmes du jeune Tailleman, dans les escaliers de Champ-Fleuri, lorsque, chrono en main, Boutier, responsable du centre de formation du CREPS, animait une des fameuses séances du lundi soir.
“J’ai fait ce que j’avais à faire”
Le coup de sang (coup-de-poing, plutôt) de Florent Eleleara après une défaite face à un camarade lors d’un tournoi de un-contre-un. Les périples à Mada ou dans le Finistère, avec sa redoutable équipe de minots, à qui ils répétaient, après les victoires : “Les garçons, restez au niveau des pâquerettes. Comme ça, quand vous vous casserez la gueule, vous ne tomberez pas de haut.” En 2003-2004, sûrement nostalgique de ces années dorées, Boutier est revenu aux affaires, prenant sous sa coupe les talents du BCD (“Picardo, Charlette, Dubard, Botterman...”, énumère-t-il). C’est la dernière fois, juré, que le “virus” l’a repris. Parce que Boutier a dit “stop” à ce sport “noble, mélange d’adresse, de force physique et de contrôle.” “La chose la plus dure, ça a été de couper.” Aujourd’hui, il coule une paisible existence de “retraité actif.” “Plus la peine” de lui demander son âge. “C’est trop tard !”, rigole-t-il. “J’ai encore la force de faire 73 km en vélo à 25 km/h de moyenne.” S’il dit “ne pas aimer ce que le basket est devenu” - “le basket féminin m’intéresse parce qu’il se joue encore au sol”, précise-t-il -, Boutier le passionné ne peut s’empêcher de suivre l’actualité de ce sport qui lui a “tout donné”. “De temps en temps”, le Possessionnais d’adoption va assister à un match. Mais l’homme de terrain qu’il est resté ne s’y retrouve plus. Est-il optimiste pour le basket local ? “Joker”, lâche-t-il, avant de préciser : “Le potentiel existe, oui, mais selon mes convictions, on ne le détecte pas comme il faut. Mais ça n’a rien à voir avec le cadre technique actuel (Daniel Martinou). C’est un ami, et il fait ce qu’il a à faire.” Que manque-t-il ? Le découvreur de champion lance une piste : “Les tests psychologiques ne sont pas réalisés.” Mais Boutier a tourné la page. “Je n’ai aucun regret, j’ai fait ce que j’avais à faire.” Aujourd’hui encore, il est récompensé de son travail. Florent Eleleara, qui considère Boutier comme son “père spirituel”, a tenu à remercier son formateur après la victoire en finale des Jeux des Îles, à Mada. Avant de prendre son avion, le meneur de Boulazac a confié un sac plastique à Harry Sépéroumal. Un cadeau pour “Jacquès” (son surnom). “À l’intérieur, il y avait son maillot dédicacé encore en sueur -elle y est toujours- et sa médaille d’or. Douze ans après notre stage à Mada... C’est la plus grande émotion de ma vie.” Bon vent, “Jacquès”
François-Xavier Rougeot
1 Comments:
Il dit ce qu’il a envie de dire…et un peu fanfaron sur les bords. M. Ketterer
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