27 mars 2006

ALGERIA: Le basket-ball comme remède à la délinquance

Une troisième victoire au championnat régional de l’équipe de basket-ball de Si Mustapha. « C’est grâce à un entraînement soutenu qu’on est arrivé à ce résultat », assure Faouzi Bentaleb, directeur technique de l’équipe.Trois fois par semaine, les jeunes de l’équipe suivent un entraînement rigoureux. « C’est la rigueur et la tactique que nous travaillons en particulier, car c’est ce qui fait toute la force d’un jeu d’équipe », insiste-t-il. Formée en 1994, la section basket du CRBSM (Club sportif de la commune de Si Mustapha) donne du baume au cœur des jeunes du village. Récompensés de leurs propres efforts, les enfants apprennent à travailler dur pour aboutir à leurs fins. « Le sport c’est une éducation. C’est apprendre à respecter les règles, à évoluer en équipe. C’est la compétition sans affrontement. C’est ce dont les jeunes ont besoin », assure Hamza Zanaz, entraîneur de l’équipe et professeur de sport. Le club, animé par des entraîneurs bénévoles, a pour mission de donner aux enfants le maximum pour leur éviter le chemin de la délinquance. La jeune génération des petites communes se trouve particulièrement touchée du fait de l’isolement et de l’inactivité. Or, le basket à Si Mustapha a suscité des vocations : deux joueurs ayant fait leurs classes dans l’équipe du village, évoluent à présent en 1re division de l’équipe nationale. Leur contribution aux entraînements ne manque pas d’entretenir la motivation des jeunes athlètes. « Cela nous permet d’avoir un apport technique de haut niveau, ainsi qu’une exemple concret de réussite pour nos joueurs, des poussins aux cadets », indique Faouzi Bentaleb.

« Ne délaissons pas les études ! »

Réalistes, les encadrants tempèrent les rêves de grandeur des jeunes sportifs en veillant au niveau scolaire des enfants. « Nous insistons pour que les enfants aient de bons résultats scolaires. Nous les surveillons de près ! Il arrive même que nous fassions des cours de soutien », souligne notre interlocuteur. Avec l’appui de l’association Afak, les vestiaires municipaux, laissés à l’abandon, ont été remis en état. Des maillots et du matériel ont pu être donnés grâce aux financements de projets de jeunesse par des organismes tels que la Fondation de France. « Grâce à l’association Afak, nous avons eu des locaux et 15 ballons neufs pour l’équipe », indique Moussa Bousba, fondateur de l’association sportive de Si Mustapha et enseignant à la retraite. Privé de subvention, le club subsiste par l’autogestion depuis sa création. « Depuis que nous existons, nous n’avons reçu aucune aide, nous n’avons pas de subvention de la DGS », déplore l’équipe encadrante. Insistant sur le manque de coopération des autorités locales, M. Bousba ajoute dépité : « Nous avons été déçus par l’APC, l’association sportive n’a pas pu créer une réelle équipe de football, nous avons abandonné. Et parallèlement, ils essaient de saboter l’équipe de basket. » Soulignant la bataille quotidienne que représente l’action associative dans le village, ce dernier ajoute : « Un exemple flagrant, dernièrement, le bus municipal nous a été refusé. A chaque déplacement pour des rencontres, nous devons payer 600 DA par voyage, nous sommes obligés de demander des cotisations à ceux qui le peuvent. M. Bousba, regardant les joueurs adultes disputer un match amical avec des joueurs venus de Bordj Menaiel confie : « Vous savez, j’ai donné 20 ans de ma vie pour l’éducation des jeunes, maintenant je m’occupe encore d’eux avec le sport. Même si c’est très dur, j’ose espérer que mon énergie à faire survivre cette initiative écartera au moins quelques jeunes du mauvais chemin. »

Sara Doublier