REUNION : "On amène autre chose"
Florence Lepron, à gauche (en compagnie de la Tamponnaise Mélody Gamarrus et de Caroline Boyer, une des organisatrices de cette première fête du basket féminin) a parfaitement honoré son rôle de marraine, hier, à Saint-Pierre. (Photo : Jean-Claude François)
florence lepron. La vice-championne olympique à Londres, était hier la marraine de la première fête du basket féminin. L’occasion de nous donner la vision de son sport.
C’était un beau centenaire. C’était face aux États-Unis, en finale olympique et Florence Lepron honorait sa centième sélection sous le maillot bleu pour aller chercher une médaille d’argent. La dernière en date puisque la meneuse polyvalente a depuis choisit, à 27 ans, de faire un break avec son sport. Elle en profite pour répondre aux invitations, comme celle de la Ligue et de son CTR Daniel Martinou qu’elle retrouve avec joie - "qui m’a mis dans le cursus fédéral quand j’avais 12 ans " - lors de cette première fête du basket féminin, qui se tenait hier à Saint-Pierre où elle s’est montrée disponible, souriante, et a pris quelques minutes pour expliquer, avec ses mots, sa vision de son sport. Et les étapes qu’il lui reste à franchir.
Qu’est ce que vous a apporté le basket ?C’est paradoxal car c’est quelque chose qui m’a demandé beaucoup de temps et d’engagement. Ça m’a donc amené beaucoup de choses mais ça m’en a aussi privé d’autres. J’ai eu la chance de naître dans une famille "normale" où j’ai été bien éduquée. Mais je pense que ce sport peut apporter beaucoup de choses aux gens en difficulté. C’est une trajectoire de vie particulière qui m’a permis de rencontrer des tas de personnes et de vivre des émotions formidables. Quand on dit que ce que l’on vit et ce que l’on voit, peu de gens vont le faire, c’est assez vrai. J’avais déjà une personnalité assez affirmée mais ça m’a quand même donné une force et un vécu pour la suite en tant que personne.
"Il faut faire partagernotre médaille"
À quel moment vous vous êtes dit que vous pouviez en faire votre métier ?
Les choses ont évolué. Maintenant, les filles peuvent se le dire très tôt. Moi je me souviens de l’avoir dit à ma mère quand j’avais 12 ans, alors que je ne savais pas vraiment ce que ça représentait. Tout ce que je voulais, c’était faire du basket le plus souvent possible et que si c’était mon métier, je savais que je pouvais en faire beaucoup.
Financièrement, comment on s’en sort lorsqu’on est joueuse professionnelle ?
Toute la ligue de basket est très bien organisée comparée à d’autres ligues. On vit très correctement. Ça n’a rien à voir avec les joueurs de Pro A, mais on vit au-dessus de la moyenne pendant notre carrière.
Vous avez emmené votre médaille d’argent de vice-championne olympique ici. Vous ne la quittez plus.
Ça fait quatre mois que je me promène avec parce que je vois des gens tellement heureux quand ils la voient et tellement déçus quand ils ne la voient pas. Il faut le faire partager. C’est tellement énorme ce que l’on a vécu. On a fait du bien aux gens je pense. Je déteste les photos. Mais là s’il faut en faire 300, je les fais parce que les gens sont contents et que ça ne demande rien.
Le basket féminin peut capitaliser sur cette médaille ?
Non. Là on est encore dans l’euphorie des Jeux. Il y a un championnat d’Europe en juin en France (du 15 au 30, N.D.L.R.). Ça va continuer. Après... À moins que la société change vite et que le sport et le basket féminins soient reconnus parce qu’il a des résultats, on retournera dans l’anonymat dès l’année prochaine. Si par bonheur l’Euro se passe bien, il y aura un peu d’euphorie pendant un mois et après les gens vont oublier.
"On retourneradans l’anonymat"
Si les hommes étaient allés plus loin aux Jeux, vous pensez que vous auriez bénéficié de la même exposition ?
C’est sûr que non. La Fédération aurait préféré mille fois que ce soient les garçons qui soient performants. Sauf que nous, on est là depuis des années, que l’on a travaillé pour réussir et il ne faut pas que la fédération oublie que pendant les Jeux, si on a vu l’écusson FFBB, c’est grâce aux filles.
Il manque quoi au basket féminin pour être reconnu ?
Rien. Quand on estimera que la femme est au même niveau que l’homme, le sport suivra.
Il reste que les filles ne pourront pas "dunker" et que le basket féminin restera moins spectaculaire.
Je trouve quand même que depuis une dizaine d’années, les filles ont énormément évolué physiquement. C’est sûr qu’il n’y aura pas de dunks mais dans le basket masculin, certes parfois il y a des dunks mais à côté c’est d’une pauvreté technique et stratégique à pleurer. Nous aussi ça nous arrive quand ça va à deux à l’heure. Mais on amène autre chose. Ça peut attirer un public différent. J’entends parfois des gens me dire qu’ils préfèrent le basket féminin parce qu’ils voient plus de choses."
Propos recueillis par Hervé Brelay
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