SENEGAL : Sélection nationale masculine de basket : Pourquoi les «Lions» n’ont pas encore de coach des ‘Lions’
Dans cette deuxième partie de l’entretien qu’il nous a accordé dimanche, Ousseynou Ndiaga Diop parle des sélections nationales et des compétitions pour lesquelles le Sénégal est engagé pour 2009. Face aux pressions pour la nomination du futur sélectionneur des ‘Lions’, le directeur technique national tempère les ardeurs et estime que rien ne presse. Du moins qu’il serait hasardeux de désigner un technicien sans être fixé sur le report, demandé par le Sénégal, du début des préliminaires du prochain championnat d’Afrique des nations, fixé au mois de février prochain. Il s’est voulu convaincant. Explications.
Wal fadjri : A quand le nom du futur sélectionneur des ‘Lions’ ?
Ousseynou Ndiaga Diop : Je ne cesse de dire que pour ce qui est des équipes nationales seniors, nous avons mis en place un projet concernant les filles et les garçons pour l’année 2009. Le projet est déposé pour avis et approbation au niveau de la tutelle. On ne peut pas mettre la charrue avant les bœufs. On ne peut pas parler de l’entraîneur sans savoir dans quelles conditions il va travailler avec nous. Tout cela nous le ferons de concert avec la tutelle. Une fois le feu vert de la tutelle, nous serons tranquilles pour dire qui nous avons choisi. Et c’est à partir de ce moment que le futur sélectionneur commencera son travail. Il n’y a pas à s’inquiéter. Nous avons pris toutes les dispositions pour que le Sénégal puisse participer aux prochaines échéances garçons comme filles dans les meilleures conditions.
Wal fadjri : On parle d’un technicien expatrié. Qu’est-ce qui a motivé ce choix ?
Ousseynou Ndiaga Diop : Vous savez la tendance c’est quoi ? Nous pensons que si nous devons mettre les meilleurs Sénégalais possibles dans cette équipe nationale et sachant qu’ils jouent en Europe, particulièrement en France, en Italie, en Espagne et quelque peu aux Etats-Unis. En disposant d’un entraîneur expatrié qui soit dans le même milieu, il y a déjà un raccourci dans la préparation. C’est quelqu’un qui pourrait les regrouper de temps à autre, échanger avec eux et les superviser. Cela constituerait un raccourci dans la sélection. Nous n’aurons plus une sélection qui prendrait du temps à se constituer, pour laquelle nous regroupions un maximum de joueurs, pour finir à un groupe de douze. C’est une stratégie qui permet d’avoir peut-être quinze joueurs qui seront ciblés en fonction de leurs performances et, à partir de ce moment, faire un travail rationnel qui puisse déboucher sur la compétition.
Wal fadjri : Quid des joueurs locaux ?
Ousseynou Ndiaga Diop : Si maintenant, nous n’avons pas la possibilité de regrouper ces joueurs qui sont les meilleurs en ce moment dans les championnats européens et si nous devons donc avoir comme base le basket local et peut-être même les environs, le Maghreb par exemple, pourquoi alors perdre du temps à vouloir aller chercher un entraîneur qui aurait des difficultés à les regrouper ? A partir de ce moment, nous compterons sur l’expertise locale. Quel que soit le choix qui sera fait, ce serait l’amalgame entre l’expertise locale et l’expertise étrangère qui pourrait permettre au Sénégal d’arriver à ses objectifs.
Wal fadjri : Le futur sélectionneur devrait signer un contrat de trois mois. Pourquoi engager un technicien pour ce laps de temps très court alors que le chantier est vaste ?
Ousseynou Ndiaga Diop : C’est un vœu. Parce que si l’on regarde dans la sphère européenne, la plupart des entraîneurs qui pourraient être amenés à prendre l’équipe nationale, par rapport à toutes les demandes que nous avons reçues, ce sont des gens qui sont déjà sous contrat. Par conséquent, ils ne peuvent pas tout de suite se libérer pour définitivement être entraîneur du Sénégal et résider au Sénégal. Par rapport à nos objectifs et dès lors que l’équipe nationale n’est pas une sélection permanente parce qu’elle évolue de manière ponctuelle et dans une période bien précise et délimitée, il ne sert à rien de prendre un contrat longue durée et que pendant 9 mois, l’entraîneur n’aura rien à faire en étant payé. On s’est dit : ‘Si c’est un expatrié, nous prenons un entraîneur qui pourrait, pendant la période de trois mois, préparer l’équipe, aller en compétition, évaluer, soumettre les conclusions et les recommandations à la fédération, et à partir de ce moment continuer le travail.’ Il s’agira simplement d’évaluer le travail de cet entraîneur, tout en gardant, bien sûr, le contact pour une prochaine échéance qui conviendrait à son calendrier. C’est pourquoi nous avons lancé l’idée de période de trois mois. Mais, si nous avons un entraîneur qui accepte de travailler avec nous et avec nos conditions, mais où est le problème ? On ne parlera plus de pige, mais d’un entraîneur qui sera là avec nous et qui, ayant compris les conditions dans lesquelles la fédération évolue au plan financier, accepterait de rester avec nous.
Wal fadjri : Quelles seraient ses missions, dans ce cas ?
Ousseynou Ndiaga Diop : La formation et le développement du basket, c’est la première mission. Dans développement, il y a un accent particulier qui est mis dans le cadre de la formation du joueur et du cadre. Ensuite, dans la deuxième mission, il y a la gestion de l’élite et du haut niveau. Ce sont là les missions régaliennes de toute direction technique.
Wal fadjri : Le Sénégal avait demandé le report du tournoi de la zone 2 qualificatif pour le prochain championnat d’Afrique des nations. Où en êtes-vous avec cette demande et qu’est-ce qui la motive réellement ?
‘En l’absence d’un calendrier Fiba qui permettrait d’avoir des dates Fiba profitables aux équipes nationales, nous pensons qu’il est difficile de libérer les joueurs.’
Ousseynou Ndiaga Diop : La période de février n’arrange aucun pays. C’est une période pendant laquelle les meilleurs Africains sont dans les championnats qui sont les meilleurs. Parce que ce sont les professionnels. Nous ne sommes pas comme le football qui met un calendrier Fifa des compétitions des nations africaines et d’autres pays et organise des tournois en des périodes bien précises. Pour ce qui est du basket, en l’absence d’un calendrier Fiba qui permettrait d’avoir des dates Fiba profitables aux équipes nationales, nous pensons qu’il est difficile de libérer les joueurs. Ce n’est pas seulement le cas du Sénégal. C’est le cas de tous les pays d’Afrique qui comptent sur un potentiel de joueurs évoluant dans les meilleurs championnats du monde. Pour avoir un championnat et des représentants de qualité d’abord pour notre zone au niveau du championnat d’Afrique de Libye et pour avoir ensuite au sortir, les meilleurs pays africains en championnat du monde en 2010, la solution est d’organiser les compétitions préliminaires ou finales à des périodes qui fassent que les pays disposent de leurs meilleurs joueurs. C’est pourquoi on pense que la meilleure date est le mois de mai où les championnats, partout dans le monde, seront terminés et les joueurs seront à la disposition de leurs équipes nationales. Quel que soit le pays, s’il gagne, il sera bien représenté à la coupe d’Afrique et s’il gagne à ce championnat d’Afrique, il sera un véritable représentant de l’Afrique. Ce n’est pas seulement pour l’intérêt du Sénégal, mais l’intérêt de tous les pays de la zone 2 et de tout un continent. L’Afrique rêve d’avoir un pays qui atteigne les finales de championnat du monde, des Jeux olympiques. Pour y arriver, il faut que les pays africains disposent de leurs meilleurs atouts.
Wal fadjri : Au cas où cette période resterait maintenue, le Sénégal va-t-il déclarer forfait ?
Ousseynou Ndiaga Diop : Nous participerons. Quelle que soit la période qui sera retenue, nous sommes tenus de participer en essayant de mettre toutes les conditions qui puissent nous aider à faire une bonne participation.
Wal fadjri : Comment la direction technique nationale compte faire pour faire revenir les internationaux qui avaient décidé de ne plus porter le maillot national ?
Ousseynou Ndiaga Diop : A ce que je sache, aucun Sénégalais n’a affirmé ne plus vouloir jouer avec l’équipe nationale. Je n’ai jamais été informé officiellement ou officieusement d’une intention d’un joueur de ne plus jouer avec l’équipe nationale. Par conséquent, tous sont Sénégalais et nous ne sommes pas plus Sénégalais qu’eux. L’appel de la nation exige que tous ses fils répondent. Rien n’a été fait de mauvais pour que des Sénégalais rejettent leur pays. Ceux qui sont en contact avec nous n’ont jamais dit ne plus vouloir venir en équipe nationale. Je profite de l’occasion pour lancer cet appel : le basket sénégalais appartient aux Sénégalais, aux meilleurs joueurs sénégalais. Au niveau de la direction technique, quel que soit l’entraîneur qu’on mettrait en place, son souhait est de mettre dans cette équipe nationale ce que le Sénégal compte de mieux comme basketteurs pour relever le défi.
Wal fadjri : Avez-vous déjà contacté à cette date quelques joueurs expatriés ?
Ousseynou Ndiaga Diop : Nous sommes quotidiennement d’une manière ou d’une autre en contact avec les expatriés. Le manager général (Amadou Gallo Fall, Ndlr) est toujours en contact avec ces expatriés. Pas plus tard que la semaine dernière, il est allé en Espagne pour regarder Boniface Ndong jouer l’Euroligue. Nous avons d’autres chargés de missions qui sont en ce moment en France et qui nous rendent compte régulièrement. On a des contacts permanents avec ceux qui jouent aux Etats-Unis. Nous avons à ce niveau les ressources humaines pour garder le contact, en particulier avec le manager général Amadou Gallo Fall et, bien sûr, tous ceux qui gravitent autour de lui.
Wal fadjri : Le retard que prend la désignation du nom du futur sélectionneur ne va-t-il pas perturber la préparation des ‘Lions’ ?
Mon souhait est d’envoyer en France l’entraîneur des ‘Lionnes’ Moustapha Gaye pour un premier camp qui coïnciderait avec la période de trêve. Il est en contact avec la presque totalité des filles.
Ousseynou Ndiaga Diop : Ce qui nous coûterait cher, c’est d’avoir un entraîneur en ce moment-là ne sachant pas quand on va jouer. Vous recrutez un entraîneur étranger et vous commencez à le payer. Vous pourriez jouer en février tout comme en mai. Est-ce qu’il faut dans ces conditions, par rapport à la situation financière de la fédération, se hasarder à prendre un entraîneur tout de suite parce que les gens veulent simplement qu’on prenne un entraîneur qui croiserait les bras et à ne rien faire ? Aujourd’hui, si on prend un entraîneur, qu’est-ce qu’il va faire et comment il va travailler ? S’il pense, lui, compter sur les expatriés, il n’y a pas de problèmes. Il ne pourra pas les avoir en ce moment. Pour faire un travail local, nous avons des entraîneurs nationaux qui peuvent faire le travail. Il faut lier tout cela à la date qui sera retenue pour les préliminaires. Sans date, on ne peut même pas faire un planning. C’est cela le mal en Afrique. A l’heure où je vous parle, il n’y a aucune date officielle pour la tenue des préliminaires. Vous voulez qu’on se hasarde à recruter un entraîneur pour une période pendant laquelle nous sommes presque certains de ne pas avoir les meilleurs Sénégalais et un cadre pour un regroupement. Pourquoi alors se précipiter pour avoir un entraîneur ? La prise de fonction du futur entraîneur dépend en grande partie de la date qui sera retenue. Si nous savons à quelle date nous allons jouer, à partir de ce moment, nous allons juger opportune de prendre tout de suite ou d’attendre.
Wal fadjri : N’est-ce pas aussi hasardeux de vouloir lier la nomination du futur sélectionneur, par conséquent le début de la préparation de l’équipe nationale masculine, à l’annonce de la date de démarrage des préliminaires que vous ne maîtrisez pas ?
Ousseynou Ndiaga Diop : Il y a toujours un recours qui nous permet d’entretenir nos équipes. Dans deux ou trois semaines maximum, nous commencerons le travail au niveau local avec les travailleurs nationaux qui sont là et les Sénégalais sur qui, on pourrait compter. En attendant que les autres expatriés soient disponibles pour qu’on puisse avec le futur entraîneur, qu’il soit local ou expatrié, regrouper ces joueurs et entrer de plein-pied dans la préparation.
Wal fadjri : Comment va se passer la préparation des ‘Lionnes’ pour le prochain championnat d’Afrique des nations ?
Ousseynou Ndiaga Diop : C’est la même chose. Mon souhait est d’envoyer l’entraîneur Moustapha Gaye en France pour un premier camp qui coïnciderait avec la période de trêve. Il est en contact avec la presque totalité des filles. Au lieu d’attendre que les filles viennent ici à un moment où nous serons en plein championnat et elles seront en trêve. Je souhaite que Moustapha Gaye et son assistant se rendent en France pour une période bien déterminée de manière à prendre contact avec les joueuses et les clubs afin d’organiser un premier camp d’entraînement. Nous sommes en train de travailler sur ça. Peut-être que d’ici à la fin du mois de janvier prochain, nous trouverons une solution. Une fois que la solution trouvée, nous allons démarrer le travail. Fin
Propos recueillis par Donald NDEBEKA
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