12 avril 2008

ALGERIE : Ahmed Loubachria, entraîneur national de basket-ball, au Jeune Indépendant - «Je ne pouvais rester passif face au déclin de l’équipe nati

Chassez le naturel et il revient au galop. C’est le cas de le dire pour Ahmed Loubachria qui n’a plus besoin d’être présenté. L’actuel coach du NBS est de nouveau à la tête des Verts. Toujours lucide dans ses propos, il a répondu sans détour à nos questions. Jugez-en…

Le Jeune Indépendant : Vous venez de boucler votre troisième stage avec les Verts. Quels sont les enseignements que vous en avez tiré ?
A Loubachria : Il n’y a pas d’enseignements à tirer dans la mesure où l’on est en retard dans la préparation de cette équipe dont la composante est renouvelée à plus de 80 %. J’ajouterai qu’il y avait une totale démobilisation due essentiellement aux résultats catastrophiques de la sélection nationale enregistrés lors des derniers jeux Africains d’Alger. Ils lui ont d’ailleurs valu le retrait de la dernière coupe d’Afrique qui s’est déroulée en Angola. Cela s’est répercuté sur le moral des athlètes qui se sont sentis seuls, coupables et abandonnés. Nous essayons ensemble de cerner les vrais problèmes et voir comment on pourrait redonner une âme à cette équipe. Je pense qu’après le premier stage, on a quand même dépassé la zone d’urgence, mais il reste beaucoup à faire
Un premier travail a donc été axé beaucoup plus sur le volet psychologique ?
C’est le cas de le dire puisque nous avons a nommé cette étape scindée en trois stages, phase de reprise, et ce jusqu’à la fin du championnat. Les joueurs sélectionnés donnent l’impression de vouloir repartir sur de solides bases. C’est déjà un palier qui a été franchi ou plutôt un premier pari gagné.
C’est une nouvelle sélection qui se dessine avec une composante totalement rajeunie, mais sans professionnels. Une explication ?
Pour moi, la sélection nationale doit être formée en Algérie. Si nous devons à nouveau hisser le niveau du basket-ball algérien nous devons le faire par nos propres moyens, par la rigueur dans sa gestion et une nouvelle organisation sans faille. Nous avons toujours bâti une équipe nationale ici en Algérie en nous appuyant sur des joueurs du cru. La sélection nationale reste ouverte aux meilleurs atouts qu’ils soient des joueurs locaux ou professionnels. Tout le monde doit s’impliquer à fond dans sa nouvelle logique.
On comprend par là que votre stratégie de bâtir une nouvelle sélection repose surtout sur les locaux…
Pas de manière indispensable. Mais je tiens à ce qu’on ne démobilise plus les joueurs locaux. Je n’adhère pas à ce qui se faisait auparavant. Je trouve inacceptable de convoquer des joueurs en équipe nationale en leur signifiant par la suite qu’ils n’ont aucune chance de faire partie de cette composante au moment voulu. Un joueur convoqué en sélection qu’il soit du cru ou professionnel doit démontrer sur le terrain ce qu’il vaut, faire preuve de disponibilité à tout moment et surtout s’intégrer à la nouvelle stratégie, ou logique, de cette équipe nationale. Porter les couleurs nationales se mérite. Pour cela il faut faire des sacrifices. Il y a une logique, une philosophie et des principes à l’intérieur de ce groupe qu’il faudra tout simplement respecter pour mériter sa place. Pour résumer, je dirai que la porte reste ouverte à tout le monde, mais cela se fera sans brûler les étapes. Chaque chose en son temps et tout ira pour le mieux incha’Allah.
Trois stages périodiques et toujours pas de matchs amicaux…
Cela se fera normalement lors des stages prévus à l’étranger (France), et ce dans le cadre de la préparation psychologique de cette nouvelle sélection nationale qui a besoin de s’épanouir et de gagner en confiance. C’est aussi inscrit dans le cadre d’un tournoi international, en Italie, où nous devrions nous faire une première idée sur nos valeurs actuelles. Nous sommes en phase de reconstruction et je pense que si nous arrivons à réaliser ce projet avant la fin du championnat, alors ce sera une bonne chose, même si nous accusons du retard. Il était grand temps que l’équipe nationale reprenne ses activités parce que, sans elle, c’est tout le basket-ball national qui risque de s’enfoncer encore et encore.
Les stages à l’étranger seront-ils pour vous une occasion de lier des contacts avec des joueurs professionnels ?
Le directeur des équipes nationales va entamer dans ce sens un travail de prospection. Il y a certes des joueurs ciblés, mais il faudra attendre l’issue des premiers contacts pour décider de leur sort. Nous allons d’abords voir s’ils sont disposés à venir dans l’équipe nationale et si c’est le cas, bien sûr, nous essayerons de les intégrer. Mais d’ici là il est important pour nous de préparer la phase de l’été qui va nous permettre d’affûter nos armes pour les tournois qualificatifs, à savoir la prochaine coupe d’Afrique des nations et les championnats arabes des nations. Je ne vous cache pas qu’on est en train de cibler quelques joueurs dans certains compartiments. Celui qui méritera d’être retenu aura sa chance.
Un véritable parfum de jeunesse se dégage dans ce groupe…
C’est un premier pas de fait, dans notre nouvelle stratégie. Nous nous préparons à entamer une deuxième activité qui consistera à réaliser un travail de prospection qui touchera des joueurs de grande taille que nous allons prendre en charge à part. Nous ferons tout pour assurer une relève à ce niveau qui reste très importante dans la pratique du basket-ball. Un travail de prospection et des stages dans le même sens vont se faire par la direction des équipes nationales dans les autres catégories. Il ne faut pas oublier que les anciens ont quand même un potentiel technique et une expérience qu’il faut toujours mettre en valeur. Si nous devons redonner à l’équipe nationale sa vraie valeur il faudrait plus de considération envers les joueurs qui ont besoin de confiance pour se libérer.
Confiant donc dans l’avenir de cette équipe nationale ?
Le basket-ball algérien recèle actuellement beaucoup de qualités pour nous qui avons entamé notre carrière dans les années 1980. Nous avons un bon potentiel. Cela va de la taille jusqu’aux qualités techniques de cette nouvelle génération de joueurs. Malheureusement, un mauvais choix été pris à un certain moment. Je considère qu’il n’a pas été étudié. Il ne faut plus se lamenter et regarder l’avenir avec optimisme.
Ouvrons une parenthèse sur votre retour à la tête de cette EN. Comment cela s’est-il fait ?
Il s’est fait par rapport à la situation actuelle que je trouve désolante en tant qu’acteur de cette discipline. Après une discussion franche avec les responsables de la direction technique nationale, j’ai opté pour mon engagement à condition que les choses s’améliorent sur le plan organisationnel, des moyens et de la considération de tous les acteurs. Le domaine technique doit rester sous la coupe des techniciens avec, bien sûr, le soutien de toute la logistique voulue, c’est-à-dire dirigeants et techniciens. Je ne pouvais pas rester passif devant une telle situation de déclin.
Vous êtes revenu à la tête de cette sélection et c’est tout à votre honneur car beaucoup pensent que l’ancien staff technique dont vous faisiez partie avait été injustement écarté.
Moi je suis convaincu que le bilan de l’année 2005 était largement positif ; malheureusement il a été mal estimé. On ne doit pas en rester là. Il faut regarder vers l’avenir. Beaucoup de choses doivent changer car il y a toujours des facteurs qui influent négativement sur l’existence de cette équipe nationale. Je ne voudrais pas rentrer dans une certaine forme de polémique. J’ai toujours pensé que chaque étape doit avoir son bilan qui doit se faire autour d’une table entre techniciens. Ces traditions ont été mises de côté mais on va y remédier. L’EN n’est pas seulement la responsabilité du coach national mais celle de l’ensemble de ses collègues qui sont acteurs au niveau national.
Les objectifs qui vous ont été assignés ?
Se qualifier d’abord à la prochaine CAN 2009, faire une représentation digne au championnat arabe des nations et préparer l’avenir de cette équipe nationale après 2009.
Revenons au championnat national où votre équipe, le NB Staouéli, a trouvé toutes les difficultés pour défendre son titre…
Je dirai qu’on a fait une saison exceptionnelle mais on est arrivé à une situation où il nous fallait prendre une décision importante. On était un club omnisports et on a pris la décision de faire de la section basket-ball un nouveau club autonome à cause des problèmes financiers qu’on rencontrait. Cela a, bien sûr, provoqué pas mal de cassures. On a entamé la saison avec un effectif rajeuni et de nouvelles recrues après le départ massif de plusieurs joueurs. On est en train de remonter la pente avec une bonne série de neuf matchs sans défaite. L’équipe s’est replacée à la troisième place avec un match en retard. Il y a de quoi nourrir plus d’ambitions. Je tiens à rappeler qu’on est toujours qualifiés en coupe d’Algérie et on n’a pas encore dit notre dernier mot pour jouer les premiers rôles. Mais l’essentiel pour nous c’est d’être sortis avec une équipe autonome et pleine d’avenir.
On reste confiants et conscients que le MCA de cette saison plane au-dessus de tout le monde et se positionne en superfavori pour le sacre. S. S.

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