05 mars 2008

SENEGAL : Ousseynou Ndiaga Diop, nouveau DTN : « Remettre le basket en confiance »

« Il arrive des moments où il n’y a pas de choix à faire .Tout le monde connaît la situation sensible que traverse le basket, quand on me choisit pour occuper un poste aussi stratégique que celui de la direction technique nationale, je n’ai pas le droit de refuser. Mais la tache je ne saurais la mener à bien sans la collaboration de tous. Je ne suis pas un Messie. » Pas besoin de vous faire un dessin, ces paroles sont de celui qui est depuis une dizaine de jours officiellement le directeur technique national (DTN) du basket sénégalais. Ousseynou Ndiaga Diop, le directeur technique de la JA, récent ancien responsable de la formation des cadres à la DTN, coach des féminines de 21 ans et des « Lionnes », n’a pas mis du temps pour porter ses nouveaux habits. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, le successeur de Maguette Diop décline ses priorités, évoque la nomination prochaine des entraîneurs nationaux et regrette le non- retour de Abdourahmane Ndiaye « Adidas » à la tête des Lions, parle des échéances à venir pour « Lions » et « Lionnes ». La formation est une priorité pour ne pas dire une obsession pour le...professeur de lettres qui « tend la main à tous ».

Entretien.

Comment avez-vous accueilli votre nomination à la tête de la direction technique nationale du basket ?

Je l’ai acceptée par la grâce de Dieu, on est nombreux à remplir les critères. Je remercie Dieu et ceux qui ont eu confiance en moi et particulièrement mes pairs entraîneurs qui ont eu à intervenir de manière anonyme auprès des dirigeants du sport.

Quelles sont vos priorités ?

Je parlerais d’objectifs car, il s’agit de remettre le basket en confiance, de faire qu’on y accorde plus de crédit par la visibilité de tout ce qui est aspect technique et aussi orienter la direction technique vers une prise en charge plus pratique de la formation des jeunes, de manière à s’assurer du renouvellement de nos effectifs quelque soit l’impact de l’émigration sportive. Nous n’aurions jamais dû abandonné la prise en charge de la petite catégorie, nous allons mettre l’accent sur la formation. Nous allons l’élargir au niveau des régions. Nous devrions arriver à ce que des compétitions soient organisées partout et selon les réalités de chaque région.

Déjà, on a en chantier la participation aux compétitions des U 16 en Zone et un peu plus tard les championnats d’Afrique des U 18 en garçons et filles. On a affiché les objectifs à toutes les compétitions, il reste à réunir les conditions de cette participation. Il est temps de s’accrocher au train de développement du basket puisque depuis pratiquement une décennie nous sommes absents des compétitions des plus jeunes, pour preuve, nous n’avons jamais participé à des U 16 ou à des U 18.

Le tournoi des jeunes cadets et cadettes, cadre de détection de joueurs prometteurs, ne fait plus partie du calendrier du basket. Allez-vous le remettre au goût du jour ?

J’ai l’intention de proposer à la direction technique nationale un programme qui s’articulerait autour d’une détection à l’échelle nationale qui démarrerait sur des tournois regroupant des sélections régionales de U16 et U18 et la relance du tournoi national des jeunes en l’inscrivant dans le calendrier de la fédération. A ce titre, il s’agirait de trouver des moyens avec ceux qui voudraient bien nous accompagner, les sociétés de la place, les personnes ressources et bien sûr nos professionnels expatriés.

Les tournois de montée ont fait place à de véritables championnats de 2e et de 3e division. Allez-vous faire jouer les clubs de ces échelons inférieurs ?

Cette année, un projet allant dans le sens d’instaurer une D2 qui compétirait sous la forme d’un championnat et non d’un tournoi de montée, est déposé auprès du bureau fédéral. La volonté de l’organiser est affichée. Pour la D3, compte tenu des spécificités des régions, nous allons proposer une formule qui fasse compétir les équipes localement, par zone d’abord pour déboucher sur un tournoi d’accession à la D2.

Qu’en est-il du plan quadriennal de développement que le ministère des Sports demande à chaque discipline ?

Le plan quadriennal a été élaboré par mon prédécesseur et je l’approuve entièrement pour avoir participé à son élaboration. Le plan quadriennal vise dans ses grandes lignes une bonne participation sénégalaise à l’élite africaine et mondiale à l’horizon 2012. Dans ses grandes lignes, on trouve la formation du joueur, des cadres et le volet infrastructures.

On reproche aux techniciens sénégalais de ne pas se former, de ne pas renouveler leurs connaissances...

La formation est un volet prioritaire dans les objectifs qui nous sont assignés. Il s’agit d’abord de former les entraîneurs qui ne l’ont pas été, selon un échéancier, en exploitant toutes les possibilités offertes par l’Etat, la FIBA, la FIBA-Afrique, le Cnoss, la Solidarité olympique et nos partenaires comme la fédération française de basket. Ensuite recycler, perfectionner, valoriser les compétences, les ressources dont nous disposons par des séminaires, des cliniques, des stages à l’étranger.

Cette année, le Sénégal va participer à deux compétitions seniors, le tournoi pré-olympique pour les dames qui pourrait déboucher sur une qualification aux Jeux olympiques de Pékin et les éliminatoires de la zone 2 pour une qualification au championnat d’Afrique masculin de 2009 au Nigeria. Quel est selon vous l’enjeu de ces épreuves ?

Le tournoi pré-olympique s’inscrit en droite ligne de la participation au 20e championnat d’Afrique féminin des nations avec la deuxième place du Sénégal. Il faut y aller pour permettre à l’Afrique d’avoir un deuxième représentant aux Jeux olympiques en plus du Mali. Mais c’est surtout important pour nous, pour nos objectifs de reconquête du titre africain en 2009 ou de qualification au championnat du monde de 2010. C’est une opportunité de parfaire le travail qui avait déjà commencé et de se projeter en saisissant l’occasion de ratisser plus large. Sans cette compétition, on allait connaître une année vide dans le calendrier féminin. Et même si nos chances ne sont pas grandes, ce tournoi nous donne l’occasion de nous frotter aux meilleurs.

Pour ce qui est des éliminatoires de la Zone 2, c’est malheureux qu’on soit retourné aux préliminaires qui seront extrêmement disputés, puisque le Sénégal et le Mali qui jusqu’ici ont été les leaders de la Zone, doivent se disputer une place. Nous pensons qu’il faut accorder une importance particulière à la préparation en tirant les leçons du passé.

Le programme et les dates de préparation de ces compétitions ont été l’objet de fiches techniques déposées. J’attends d’installer la nouvelle équipe de la direction technique nationale pour en parler aux membres afin d’élaborer notre stratégie qui nous permettra d’arracher nos tickets de qualification.

Justement, à quand la nomination des entraîneurs des différentes sélections nationales ?

L’entraîneur des garçons, Sam Vincent, avait démissionné, il s’agit de consulter nos pairs pour nommer son remplaçant et son ou ses adjoints.

On parle de l’éventuel retour de Abdourahmane Ndiaye « Adidas 1 » sur le banc des « Lions ». Qu’en est-il exactement ?

La presse nous a appris que Adidas est coach des 20 ans et moins en France. Nous regrettons que ce soit arrivé compte tenu des sorties du ministre des Sports et du président de la fédération qui voulaient son retour. Mais il n’y a pas de péril en la demeure. Abdourahmane est un Sénégalais et je ne manquerai pas de le solliciter par rapport à ce qu’il pourrait nous apporter même en appartenant à une autre entité. Néanmoins, je suis prêt à travailler avec l’expertise locale dont je ne doute pas des compétences. Une expertise locale qui a besoin d’être soutenu, motivée comme on l’a fait pour des entraîneurs étrangers.

Est-ce que Maguette Diop va rester coach des « Lionnes » ?

Je suis en train de consulter mes pairs pour voir les meilleurs attelages possibles et très prochainement, je pense être en mesure d’informer qui de droit sur les responsabilités confiées aux uns et aux autres.

Prendre en main la direction technique nationale d’un basket sénégalais qui fait débat pour ses mauvais résultats actuels ne serait-il pas suicidaire ?

Il arrive des moments où il n’y a pas de choix à faire .Tout le monde connaît la situation sensible que traverse le basket, quand on me choisit pour occuper un poste aussi stratégique que celui de la direction technique nationale, je n’ai pas le droit de refuser. Mais la tache, je ne saurais la mener à bien sans la collaboration de tous. Je ne suis pas un Messie ; aussi, plutôt que de penser à l’image d’un acte suicidaire, je tends la main à tous ceux qui sont en mesure tant soit peu de m’accompagner car la finalité c’est la relève de notre basket national. Et ce ne sera jamais le résultat de Ousseynou Ndiaga Diop tout court. Je suis serein d’autant que la grande majorité de mes futurs collaborateurs m’ont assuré de leur soutien. Et si l’Etat nous accompagne alors on peut réussir notre mission.

Propos recueillis par El Hadj Mamadou DIOUF