01 juin 2006

SENEGAL : Seydou Ado Sano, DirecteurTechnique National : « Nous cherchons à bâtir des équipes capables de remporter les CAN en 2007 »

M. le Dtn, comment les équipes nationales masculine et féminine s’y prendront-elles pour préparer les championnats du monde de basket auxquels elles sont qualifiées ?

En accord avec les entraîneurs des deux équipes nationales, le programme de préparation est pratiquement terminé. Il a été déposé au ministère des Sports depuis plus de trois semaines. J’ai eu une première réponse du directeur de la Haute compétition, qui voudrait que le tout soit validé par le chef du département. Mais apparemment, il est très optimiste et le programme, tel qu’il a été déposé, va être respecté pratiquement à 100 %. Donc, il n’y a pas de souci à se faire

En quoi consistera exactement cette préparation ? Se passera-t-elle entièrement à la maison ou entièrement à l’extérieur ?

On avait envisagé de faire en sorte que les garçons, qui évoluent presque tous à l’étranger, puissent profiter d’un stage à la maison pour revoir leur famille. Mais le stadium Marius Ndiaye ne sera pas disponible durant toute la phase de préparation, voire même durant la compétition proprement dite. Quand les hommes seront en compétition, nous, on sera en train de jouer le championnat. Deuxièmement, vous voyez que Marius Ndiaye ne répond plus aux normes pour recevoir une équipe étrangère. Cela ne sert à rien d’amener l’équipe ici sans pouvoir donner au public sénégalais l’occasion de voir un bon match amical. Cela pour vous dire que les hommes ne seront pas là. Ce ne sont pourtant pas les adversaires qui manquent. Il y a un moment, la Nouvelle-Zélande, qui est qualifiée pour les championnats du monde, m’a sollicité. Elle voulait venir jouer ici, mais ce n’est pas opportun, compte tenu de l’environnement présent. Je crois qu’on aura d’autres occasions, lors de la préparation de la Can 2007. Mais les femmes vont commencer leur préparation ici pour ensuite terminer du côté de l’Europe, avant de s’envoler pour le Brésil où se dérouleront les compétitions.

Quelles seront les ambitions du Sénégal à ces 2 coupes du monde ?

Nous, on va aux championnats du monde pour vraiment davantage construire l’équipe. On a commencé à construire depuis la Can 2005 ; et l’on va aux championnats du monde 2006 pour bâtir des équipes nationales pouvant gagner les Can 2007, en Angola pour les hommes et à Dakar pour les dames pour pouvoir participer aux Jeux olympiques de Pékin en 2008.

Est-ce que vous suivez vos adversaires ?

Mais on les connaît tous, pas seulement les adversaires, mais les groupes ! On aura l’occasion pour le tournoi de Strasbourg, les 20, 21 et 23 juillet et celui de Lituanie le 31 août, 1er et 2 septembre de revoir beaucoup d’équipes. L’ensemble des équipes produisent le même style de jeu que les adversaires du Sénégal chez les hommes. On va rencontrer même un adversaire qui est dans le même groupe, en l’occurrence la Chine. Mais ce n’est pas grave. C’est moins le championnat du monde qui est important que tout le processus qui nous y emmène. C’est vivre en groupe, c’est s’entraîner, vivre en commun, disputer des matches amicaux. Parce qu’a priori, le nombre de matches amicaux qu’on aura sera supérieur au nombre de rencontres de compétitions du championnat du monde lui-même. C’est tout ça qui est important. C’est à partir de ce processus qu’on va construire les équipes de 2007. La preuve, dans le projet, les gens qui ne font pas les championnats du monde auront peu de chance d’être dans la sélection de 2007. Maintenant, si l’on passe au second tour, c’est tant mieux, puisqu’on a les moyens de le faire. Surtout si l’on bénéficie de l’apport des joueurs professionnels qui sont à la Nba.

C’est donc sûr que les joueurs sénégalais de la Nba seront là ?

On a tous leurs contacts. Moi-même, j’ai travaillé plusieurs fois avec mon homologue de la Fédération française de basket qui est dans le même cas. Mais comme il me l’a dit, c’est un problème d’argent, il faut payer. Si vous payez, les joueurs sont libres. Maintenant, combien faut-il payer ? C’est en fonction du rang des joueurs. Pour Tony Parker, apparemment, il semble dire qu’il fallait débourser 8 millions. Mais pour nous, il faut 3 à 5 millions. Alors est-ce qu’on est prêt à payer ? Oui. Si les gosses sont prêts à aller à la Can. Parce que si l’on dispose de ces jeunes-là, puis s’ils font en équipe nationale, dix à douze matches amicaux avant les championnats du monde, plus cinq matches en championnat du Monde, soit environ 16 matches ensemble, ils seront un collectif extraordinaire. Je vous assure que si l’on a une équipe qui est prête pour 2007, elle peut mettre 70 points à l’Angola. Toute équipe qui inscrit 70 points contre l’Angola peut gagner les championnats d’Afrique. C’est la seule condition pour espérer remporter les championnats d’Afrique.Ce sera encore plus difficile, puisque la compétition aura lieu en Angola. Il faut donc chercher une équipe qui va mettre ces 70 points au pays-hôte. Ça ne sert à rien de mettre 55 points si l’on veut aller gagner en Angola.

Comment réagissez-vous à la déclaration de Ngagne Diop De Sagana qui a annoncé dans la presse son retour en sélection nationale ?

De Sagana Diop n’a jamais quitté l’équipe nationale. Vous savez, l’année dernière, il n’était pas disponible parce que après une très bonne saison, il fallait rester pour davantage mieux voir les contrats, signer pour une équipe. Je pense que c’est la seule raison, mais il n’a jamais quitté l’équipe nationale. Evidemment, les championnats du monde, c’est une source de motivation. Mais comme je le dis, c’est un projet. Tous sont prêts pour jouer en équipe nationale, mais souvent en contact avec eux, on ne manque jamais de leur rappeler que c’est leur projet. Il ne s’agit pas de faire les championnats du monde et de ne pas faire la Can. On ne le permettra pas. La Can, on y va pour gagner, voilà la lettre de mission envoyée au ministère et qui a été validée par le département des Sports et qui nous a été retournée. En fait, les objectifs, c’est nous-mêmes qui les avons fixés. On sera très content que ces joueurs-là soient là, qu’ils annoncent la couleur, notamment Pape Sow, De Sagana et consorts. On est content qu’ils aient donné leur intention de participer aux championnats du monde et par ricochet à la Can 2007.

Et comment allez-vous régler le casse-tête des assurances des joueurs pros ?

Abdourahmane Ndiaye « Adidas », le coach et moi, on va faire une tournée en France et aux Etats-unis pour avoir le contact avec les joueurs. Ainsi, c’est beaucoup plus facile. Il faut aller là-bas et nouer des contacts. On va discuter avec les jeunes, même si l’on a fini de discuter de certains sujets. Mais il faut s’y rendre pour de visu savoir comment ça va s’organiser et combien cela va nous coûter. Mais c’est plus le contact avec les responsables de ces joueurs-là qui est important. C’est plus facile que de se limiter à des emails et des correspondances. Incessamment, Abdourahmane Ndiaye et moi, nous allons effectuer le voyage pour rencontrer Gallo aux Etats-unis et l’ensemble de ces joueurs qui sont dans la présélection.

Avez-vous trouvé des remplaçants aux assistants des équipes nationales qui auraient été écartés après leur voyage aux Etats-unis ?

Officiellement, on n’a jamais pris la mesure d’écarter qui que ce soit. Moi, je ne sais même pas d’où vient cette information. Mais on n’a jamais signifié à l’un quelconque de ces entraîneurs partis aux Etats-unis qu’il ne faisait plus partie de la direction technique, ni qu’il était renvoyé de la direction technique. Jusqu’au moment où je vous parle (ndr : jeudi dernier), il n’y a aucun dirigeant de basket qui leur a dit qu’ils ne font plus partie de la Direction technique nationale. Jusqu’à preuve du contraire, ils restent maintenus à leur poste de sélectionneur national adjoint en garçons et en filles.

Des deux équipes nationales (filles et garçons), laquelle a plus de chance d’aller loin en coupe du Monde ?

Les garçons sont dans de meilleures dispositions pour obtenir une bonne performance. L’écart entre nos équipes et le niveau mondial est beaucoup plus réduit chez les hommes que chez les filles.

N’empêche, notre équipe féminine a beaucoup plus de coupes d’Afrique à son actif, mais ça ne veut rien dire. Il y a beaucoup de joueurs professionnels par rapport à l’équipe féminine où la plupart évoluent au niveau local. JSi l’on dispose de nos meilleurs joueurs, notamment ceux de la Nba, on pourra faire quelque chose.

Comment se passent les choses entre vous et les techniciens responsables des équipes nationales ?

Il se passe plein de choses. Abdourahmane Ndiaye « Adidas » devait être là depuis le 3 mai pour participer à un « clinic » que la Fiba-Afrique avait programmé ici et qu’on a dû reporter. La Fiba-Afrique avait envisagé faire ce « clinic » pour l’ensemble des directeurs techniques africains et des entraîneurs des équipes nationales seniors. Et en même temps, on devait élire le président du comité des entraîneurs africains. Finalement, pour des raisons de moyens, la session a été renvoyée. « Adidas » sera là après son retour des Etats-unis, probablement le 19 juin au plus tôt (il voyage avec moi). Les garçons entreront en regroupement au plus tôt le 30 juin et au plus tard le 7 juillet prochain. En commençant à ces dates, on fera pratiquement 62 jours. Ce qui n’est pas mal, comparé à la France qui commence son stage le 10 juillet prochain et sans les joueurs de la Nba.

PROPOS RECUEILLIS PAR C. MALICK COLY