Actes de vandalisme lors de la finale du championnat du Maroc
Inadmissible, honteux, révoltant, scandaleux. La liste des qualificatifs n'est pas exhaustive pour décrire le spectacle honteux du vandalisme lors de la finale du championnat, samedi dernier à la salle omnisports du Complexe Prince My Abdallah à Rabat, qui a mis aux prises les deux meilleures équipes du moment, le Raja et l'IRT.
Les deux teams se sont déjà affrontés lors de la finale de la Coupe du Trône, revenue haut la main aux Nordistes. Ceux-ci ont confirmé leur hégémonie sur cette discipline et rendu heureux et fier plus d'un Tangérois qui trouve là une consolation à l'impuissance de la section foot, qui se cantonne au fond de la classe du GNF1.
Le basketteur de l'IRT est désormais la coqueluche des sportifs dans la ville du Détroit ; il bénéficie à cet effet du soutien inconditionnel d'un public très fourni, à rendre jaloux plus d'un club. Malheureusement, les supporters de l'Ittihad n'ont pas su garder les pieds sur terre. Leur enthousiasme dépassa les limites jusqu'à l'hystérie. On ne pardonne plus l'échec, or celui-ci tient souvent à un détail. Et c'est justement ce qui advint samedi dernier. L'IRT menait 70 à 69, à une poignée de secondes du coup de sifflet final. Et comme l'impondérable fait partie du jeu, le Raja obtint deux tirs francs, les réussit et marqua même un panier de plus, lui conférant une avance de 3 points.
Aux yeux de la galerie tangéroise, les carottes étaient cuites par la faute du duo arbitral. Et ce fut le déclic pour un hooliganisme de dernière pluie. Des sièges arrachés et catapultés vers l'aire de jeu. Même les agents de sécurité n'y ont pas échappé, ni encore les journalistes. Une scène indigne à un moment où le slogan du professionnalisme est en vogue. Bref, c'est l'image de cette noble discipline et de notre pays qui en reçoit un sacré coup, d'autant plus impardonnable de la part du porte-fanion actuel du basket marocain.
Bien sûr, on attribuera ces actes à « quelques supporters égarés », mais cela ne peut disculper l'IRT qui n'a pas su encadrer un public exagérément gonflé par les propos triomphalistes des dirigeants et des joueurs, la victoire devenant impérative, a fortiori devant un adversaire largement dominé en finale de la Coupe.
La question posée concerne les mesures disciplinaires de la Fédération à l'encontre de l'IRT. Le bureau de M. Benabdenbi ne s'est pas encore prononcé. Il le devra, car l'affaire est grave, trop grave. On se rappelle que l'IRT n'avait pas lésiné sur les moyens (médiatiques) pour jeter la pierre au président de la Fédération au sujet de l'affaire Matar. Aujourd'hui, c'est le club du Nord qui se trouve au banc des accusés.
Personne ne peut nier l'effort des dirigeants tangérois pour bâtir un team de choc et insuffler à la compétition une concurrence tenace mais on aurait dû encadrer les fans, à l'instar des joueurs.
Les supporters du Détroit ont commis un délit en portant préjudice à autrui, en l'espèce l'Etat marocain. Les dégâts ont concerné un bien public et la réparation est indiscutable. La Fédération est également interpellée, elle doit considérer ces actes comme commis « at home ». Par conséquent, la suspension du terrain de Tanger devrait être automatique. C'est la moindre des choses. Qu'on se le dise, ce qui s'est passé samedi est une affaire totalement tangéroise. Qu'ils en assument les retombées.
Le stade de football du complexe Prince My Abdallah n'est pas en reste. Aligné sur les standards internationaux, il fait la fierté du Maroc. Doté d'une pelouse soyeuse, d'installations modernes et de parkings vastes, il a abrité des manifestations d'envergure en dépit de la concurrence que lui a livrée le Complexe Mohammed V à Casablanca - actuellement fermé pour les mêmes raisons : la mauvaise tenue du public. Est-ce vraiment la cause principale ? Si on s'en tient à la même logique, le Complexe Prince My Abdallah pourrait être exposé à une mesure similaire.
En effet, réputé pour sa quiétude, il est exposé depuis quelque temps à des actes de vandalisme perpétrés en toute impunité ! Certains en profitent pour s'adonner au vol de tout ce qui possède une valeur marchande tels les extincteurs, les robinets, les vasques et même les couvercles des bouches d'incendie pourtant attachés par des chaînes métalliques ! Les sièges, étant les plus exposés, sont donc les plus vulnérables. Il ne se passe pas une rencontre sans qu'on déplore de la casse. Le record a été battu lors des matches FAR-KACM il y a deux ans, pour être pulvérisé de nouveau lors du WAC-Hilal du Soudan en février. Les sièges ont été saccagés, des commodités détruites, le tartan brûlé par les fumigènes.
Ces dégâts saignent à blanc la trésorerie déjà modeste du Complexe. Afin d'en atténuer le coût, la direction a trouvé un moyen : les clubs recevants devront supporter les frais au risque d'être bannis. La Direction leur ferait signer un engagement d'indemnisation des dégâts éventuels causés par leurs supporters.
Ce n'est pas une mesure unilatérale comme nous l'a expliqué le directeur, Saïd Izega, qui s'appuie sur la loi de 2003 l'habilitant à refuser les clubs qui ont un précédent.
Pour Abdellatif Oubade, chef de service, la solution est entre les mains des clubs : « Ils doivent encadrer leurs fans par le biais d'associations de supporters au lieu de les laisser livrés à eux-mêmes. »
Autre temps, autres mœurs. Aujourd'hui, enfants et adolescents constituent l'essentiel de la clientèle. Une catégorie vulnérable à tous genres de dérapage, parfois manipulée pour diverses visées, notamment par des opposants au sein de bureaux dirigeants. Il y a lieu de citer également l'insuffisance des agents de sécurité dans nos stades.
Au Complexe Prince My Abdallah, ils sont au nombre de… 10 seulement. La sécurité est assurée par les services de police et des forces auxiliaires avec tous les contraintes que cela suppose. Cela nous conduit une autre fois à la question centrale, celle de l'encadrement des jeunes par des associations de supporters. Celles-ci devront être confiées à des personnes intègres et bénéficier de la part des clubs de la logistique financière et matérielle à même de leur permettre d'assumer pleinement leur noble mission.
A méditer par nos clubs et par… l'IRT.
Brahim Oubel | LE MATIN