REUNION: Le Tampon passe la main

Tout le monde est d’accord sur un point. Saint-Pierre n’a vraiment pas volé sont titre samedi au Tampon. Au-delà d’une première mi-temps très accrochée, les Saint-Pierrois ont montré qu’ils étaient supérieurs au Tampon cette saison. Voit-on se dessiner un nouveau cycle dans l’hégémonie du basket local, alors que le Tampon perdait également son titre en féminines ?

Il fallait être costaud mentalement, après une victoire certes probante lors de la finale aller (77-69), pour aller chercher son premier titre de champion de la Réunion chez le voisin tamponnais dans l’ambiance qu’on imagine. Costaud pour passer cette première mi-temps acharnée, aussi vibrante que tendue (les accrochages de la fin de première mi-temps situaient la tension maximale qui régnait alors) pour ne pas baisser la garde. L’équipe de Saint-Pierre, version 2006, n’est sûrement pas à enfermer dans un match, une finale, même si celle-ci la consacre après beaucoup d’efforts. C’est une construction savamment travaillée dans le temps, forgée à coup de volonté et d’années de patience. Et c’est en forgeant qu’on devient forgeron. L’an passé, le SPBB avait également les capacités de contrer le Tampon. La victoire historique acquise en championnat lors de la phase régulière aller (82-78) avait été fêtée comme une victoire historique, un affranchissement. Elle mettait les sudistes au même rang que leur voisins, avant de les affronter en finale.

Saint-Pierre écrit son histoire

Mais à 1-1 partout en phase régulière de championnat, le Tampon s’était appuyé sur son mental de guerrier (vainqueur en prolongations) pour battre le SPBB en finale de la poule des As. Une rage de vaincre intacte qui disait tout de son règne, fut-il déjà déclinant. Après le coup de semonce de samedi, on peut parler de passage de témoin. Passage physiquement ressenti quand Parata, Mischer et Minatchy, des Saint-Pierrois de naissance sont descendus du Tampon pour retrouver les leurs à l’intersaison, conscients que la ville s’était donné les moyens d’avoir une grande équipe. Conscients d’une nouvelle force. De l’autre coté de la route, le Tampon n’était pas resté apathique, avait recruté l’excellent Entamène en provenance de métropole ou Cyril Hoareau, ex-SPBB, mais perdait Bigot qui aura vraiment manqué cette saison, Doro parti sous d’autres cieux en métropole et Rodrigue Malet dans les circonstances tragiques que nous connaissons. Le gardien du temple n’était plus là samedi. Et avec le départ des Saint-Pierrois, ça faisait beaucoup. Les quatre défaites en phase régulière, moins d’envie à l’entraînement : il y a des signes qui ne trompent pas. Le coach Miguel Ramirez le disait lui-même au soir de la défaite : “Le collectif s’est délité, on n’a pas joué comme une équipe, eux si”. Malgré la jeunesse talentueuse (symbolisée samedi par Lavalle) et sa volonté inébranlable de gagner, le Tampon est en reconstruction et “l’équipe est ce qu’elle est”, même avec Toulon et Fichet, qui font partie des beaux meubles. L’âme a changé de camp. Pour la “black dream team” de Saint-Pierre, il restait à afficher les promesses tenues sur le papier et renverser l’histoire du basket local et écrire la leur. C’est fait et bien fait. Reste à savoir si le club va poursuivre sur sa lancée et devenir la nouvelle place forte du basket local, après deux gros cycles assurés par le BCD et le Tampon depuis le milieu des années 90. Les ingrédients sont là (volonté municipale, groupe soudé, ivresse d’un premier titre), mais il est pratiquement certain que les autres formations, et le Tampon au premier chef, ne resteront pas en observation statique dans cette affaire. C’est tellement bon d’être les meilleurs.

F.A

- L’ascension de Saint-Pierre 2002 : 5e du championnat 2003 : 4e de la poule des As 2004 : 3e de la poule des As 2005 : 2e (finaliste de la poule des As face au Tampon) 2006 : Champion de la Réunion