27 avril 2006

MALI: Mondial des clubs féminins : le Djoliba entre inquiétudes et optimisme

Sacré champion d'Afrique en octobre dernier, le Djoliba a rendez-vous dans un peu plus d'un mois avec les préliminaires de la Coupe du monde qui se joueront du 1er au 4 juin prochain à Budapest, capitale de la Hongrie et dont les deux premiers de chaque groupe se qualifieront pour la phase finale de la compétition prévue en Russie. Seule équipe africaine en lice pour la phase finale du Mondial, le Djoliba évoluera dans le même groupe que les championnes de Cuba, Hongrie et Taiwan. Quelles sont les chances des Rouges et comment l'équipe prépare-t-elle le grand rendez-vous de juin ? Autant de questions qui reviennent invariablement dans les discussions au fur à mesure qu'on s'approche du coup d'envoi de la compétition.

Plan de bataille faussé-Les Rouges se préparent au Pavillon des sports du stade Modibo Keïta comme ils le peuvent. Mohamed Salia Maïga et ses filles attendent toujours la réponse du département des sports concernant leur programme de préparation qui a été déposé sur le bureau du ministre il y a quelques semaines. "Nous attendons toujours la réponse des autorités sportives. Après notre sacre, lorsque nous sommes montés à Koulouba pour remettre le trophée au chef de l'État, celui-ci a clairement dit qu'il ne ménagera aucun effort pour que l'équipe se prépare de façon sereine et adéquate. Nous attendons encore que cela se concrétise", indique le coach Mohamed Salia Maïga qui s'inquiète du retard pris dans l'exécution du plan de préparation. "Il faut éviter une préparation improvisée. L'équipe a impérativement besoin de quelques rencontres internationales amicales avant d'effectuer le voyage de Hongrie", poursuit Mohamed Salia Maïga qui, outre la Coupe d'Afrique des clubs féminins, a remporté deux titres continentaux avec la sélection féminine junior : 1996 à Maputo et 2000 à Bamako.
Malgré le retard pris dans la préparation, les Rouges restent confiants et se disent prêtes a relever le défi à l'image de Aminata Sérémé qui affirme que l'équipe ne se présentera pas en victimes expiatoires au Mondial et qu'elle se battra sans complexe face à l'hôte du tournoi, au Cuba et à Taiwan. Même son de cloche du côté de Fatoumata B. Dia qui annonce que le Djoliba va à Budapest pour "mouiller le maillot et faire honneur au basket-ball africain". "Ce sera pour nous un rendez-vous du donné et du recevoir", ajoutera-t-elle faisant ainsi allusion au bénéfice que le Djoliba pourrait tirer du Mondial en terme d'expérience.
En attendant la réponse du département de tutelle, le coach Mohamed Salia se contente des rencontres amicales livrées ça et là contre les équipes locales dont des sélections masculines. Outre ces confrontations, les rencontres de la coupe BDM-SA et la Super coupe figurent également au programme des championnes d'Afrique en titre. À la coupe du monde, Mohamed Salia Maïga pourra compter sur le talent individuel de certaines joueuses qui excellent dans les shoots à distance mais aussi sur la solidarité du groupe. "Nous allons à la Coupe du monde conscients de nos possibilités mais aussi de nos faiblesses. Vous êtes conscients avec moi qu'en sport les résultats se préparent et se méritent. C'est vrai que le Djoliba fait partie des petits poucets de la compétition, mais nous avons des ambitions légitimes comme tout le monde", souligne Mohamed Salia Maïga avant d'ajouter que le moral du groupe est au beau fixe.
"La préparation nous laisse un peu sur notre faim. Nous voulions affronter quelques équipes de la sous-région pour corriger nos lacunes. La coupe du monde n'est pas une petite affaire et cela exige une bonne préparation. Ne dit-on pas que qui veut aller loin doit ménager sa monture. Nous avons la volonté mais nous ne perdons pas de vue qu'un bon résultat ne peut s'acquérir dans l'improvisation", remarque pour sa part la meilleure marqueuse du club, Aminata Sininta qui se plaint de l'insuffisance de ballons lors des séances individuelles.
Toutefois, le vrai problème auquel fait face le Djoliba et qui risque de compromettre sérieusement les chances de l'équipe au Mondial est sans conteste la suspension infligée à la capitaine Kadiatou Dramé par la direction du club. Accusée d'avoir semé la division au sein de l'équipe dans l'affaire des 50 millions de F cfa offerts par le président de la République ATT après le sacre du groupe en coupe d'Afrique, "Diatou" comme l'appellent familièrement les supporters a été suspendue jusqu'à nouvel ordre par la direction du Djoliba. Ces dernières semaines, les coéquipières de l'ancienne joueuse du Réal dont Aminata Sérémé et Aminata Sininta n'ont cessé de réclamer son retour dans le groupe, mais sans succès, le comité directeur du Djoliba restant inflexible. Pendant combien de temps encore Hérémakono restera sourd à l'appel des cadres de l'équipe ? Selon certaines sources, la section basket du club a d'ores et déjà décidé d'exclure la joueuse de la Coupe du monde et clame à qui veut l'entendre que "Diatou" n'effectuera pas le voyage de Hongrie. Vrai ou faux, une chose est sûre, le Djoliba a besoin de Kadiatou Dramé à la Coupe du monde et l'absence de l'ancienne sociétaire du Stade ne sera pas sans conséquences pour l'équipe.

S. BADIAGA