01 septembre 2011

TUNISIE : Championne d’Afrique

Gagner oui, récupérer non

C’est un titre très bon à prendre mais ça ne doit pas servir de surenchères électorales et de règlements de compte
Peut-on dire que l’équipe de Tunisie ne mérite pas son sacre africain? On ne le pense pas du tout. C’est une fausse allégation de la part des dirigeants de la Ftbb et de la sélection qui essayent ces jours-ci de régler leurs comptes avec tous leurs «détracteurs». Enfin avec ceux qui n’ont pas partagé le même avis ou qui réclamaient un changement. Celui qui gagne écrit l’Histoire, c’est une vérité absolue. Mais dans le cas d’espèce, la victoire historique de la sélection est celle du basket tunisien, de ses joueurs, de ses entraîneurs et de ses dirigeants. L’équipe de Tunisie a été la meilleure, tout simplement, les chiffres y plaidant fortement. Pourtant elle a été privée de maints titulaires (Braâ, Kenioua, Béchir H’didane, Dhifallah, Maoua). Egalement, la prestation de l’équipe avant l’Afrobasket n’était pas très convaincante. Pouvait-on cacher la suspicion qui régnait autour de la sélection? En tout cas, notre chère sélection s’est rendue à Antananarivo avec son courage et aussi quelques frayeurs en dépit de la compétence du sélectionneur national et de la valeur des joueurs.
Aujourd’hui que le titre africain est ramené, on doit être humble et savourer comme il le faut cette impressionnante consécration. Mais malheureusement, on a l’impression de retrouver les réflexes d’avant le 14 janvier. On fustige ici et là tous ceux qui avaient un autre regard sur la sélection, on s’approprie jalousement cette victoire, on règle ses vieux comptes avec tout le monde… C’est typiquement tunisien : un titre et un exploit ça se résume en une photo-souvenir avec le ministre des Sports, voire le président de la République. Le reste, c’est du vétuste protocole (cette fois la révolution et les martyrs seront les cibles sans aucun doute) et c’est surtout des règlements de compte et des «revanches» à prendre. Notre basket tunisien attendait ce sacre africain depuis une éternité.
La part du lion revient aux joueurs, courageux et appliqués, au staff technique compétent et solidaire, et bien sûr aux dirigeants qui ont offert les moyens nécessaires (au détriment d’autres sélecitons). Mais le mérite revient aussi aux clubs qui ont découvert et entretenu ces joueurs, aux anciens bureaux fédéraux qui ont mis la première balise. Ayons l’humilité de le dire, c’est un signe de grandeur.

On prépare les élections !

Beaucoup de clubs de basket ont formulé le désir d’organiser des élecitons et de mettre fin à l’actuel bureau fédéral. C’est légitime, et ça s’applique à toutes les disciplines. Ali Benzarti fait partie du cercle des présidents de fédérations contestés. Il a des alliés, mais il a des opposants. C’est l’essence du sport. Maintenant qu’il y a des élections en fin d’année, tous les bureaux fédéraux, y compris celui du basket, sont tenus de gérer leurs affaires en tant que «bureaux de transition».
Un titre gagné par des athlètes doit être apprécié à sa juste valeur. Benzarti peut être fier de la réalisation de Tlatli et ses joueurs. Mais qu’on ne verse pas dans le sentimentalisme populiste, qu’on ne se serve pas du sacre africain pour préparer une campagne électorale. Le mérite des sportifs, ça reste aux sportifs. On ne le dit pas seulement à Ali Benzarti et son bureau fédéral, on le dit également aux prochains candidats aux élections. Maintenant qu’il y a un titre continental, les regards se tournent plus vers la FTBB. Il y a les JO qui donnent le vertige à n’importe quel dirigeant.  Laissons nos basketteurs tranquilles. Ils ont gagné haut la main. Ils étaient les meilleurs. Mais ni les 12 joueurs, ni Adel Tlatli, ni Kacem Ouerchefani, ni Ali Benzarti ne sont exempts de critiques. Ils doivent comprendre une chose : quand on gagne un titre international, on doit apprendre à mieux gérer l’après-victoire comme l’après-défaite.
Arrêtons surtout les procès d’intention et l’incrimination.
Il y a toujours des personnes qui raisonnent «13 janvier». Ils ont un décalage «sportif» fort inquiétant. Pour conclure : bravo l’équipe nationale, joueurs et staff, vous nous avez enchantés. Nous étions toujours avec vous, et nous le serons toujours. Mais faites votre boulot SVP et laissez-nous faire le nôtre. Apprenez surtout à temporiser vos ardeurs et à regarder l’avenir. Les JO 2012, c’est demain.