02 février 2006

BURKINA FASO: Mohamed Drabro, président de la FEBBA

Une année après son accession à la tête de la Fédération burkinabè de basket-ball, Mohammed semble avoir réussi à replacer le basket-ball burkinabè sur les rails. La saison a été satisfaisante. La Fédération a pu réaliser plus de 80% de son programme de 2005. De nouveau, l’espoir renaît. Les promesses sont flatteuses et le bilan du président Drabo que Sidwaya Sport a rencontré est fort élogieux.

Quel est l’état de santé du basket-ball au Burkina ?

La santé du basket-ball est vraiment bonne. Toutes les querelles qui existaient autour de la discipline ont été résolues. Aujourd’hui, la famille est réunie et le climat est serein.

Quels sont les objectifs que vous vous êtes fixés pour ce mandat ?

Lorsque nous avons pris la direction de la Fédération, nous avons essayé d’établir un plan d’action pour la période 2005-2010.

«La santé du basket-ball est bonne. Les querelles ont été résolues».

Et dans ce plan, nous nous sommes fixé comme objectifs la relance de la discipline, de renforcer les compétences au niveau de l’encadrement et d’acheter des équipements pour bien mener nos activités.

Dans les actes, il faut dire qu’au niveau du 1er objectif, il est question d’organiser un championnat régulier et bien structuré tous les ans et ce, jusqu’à la fin du mandat.

Pour le 2e objectif qui concerne le renforcement en quantité et en qualité des joueurs, il fallait pour cela, non seulement renforcer la compétence des encadreurs mais aussi celle des joueurs. Egalement, voir comment on peut renforcer les capacités des officiels qui entourent le monde du basket-ball notamment les arbitres, les chronométreurs...

On a même débuté cet aspect du plan par la formation de 15 nouveaux arbitres pour la ligue du Centre et 15 autres pour celle de l’Ouest. Au niveau des encadreurs, il y a un programme de formation de jeunes encadreurs au niveau de la FEBBA. La phase I du programme s’est déroulée l’année passée et cette année verra la 2e phase. Concernant la dotation des équipes en matériel sportif, il faut reconnaître que c’est la plaie au niveau du basket-ball. Les équipes sont complètement démunies. Nous allons voir comment on peut les équiper mais aussi les aider à mieux se structurer.

Comment peut-on faire pour partager la discipline au niveau de l’ensemble du pays ? Car cela ne se limite pas à la ligue du Centre et à celle de l’Ouest. Nous allons voir comment on peut participer à la création de certaines ligues dans d’autres provinces. Cela va de la représentativité de ce sport, gage de son décollage. Déjà nous avons pu mettre en place des écoles dans cinq provinces. C’est une activité progressive que l’on compte étendre sur l’ensemble du Burkina d’ici à dix ans.

Dans la 1re phase de notre mandat de quatre ans, nous n’avons prévu que de couvrir le Yatenga, le Sanmatenga, la Comoé, le Boulkiemdé. Grâce à la Coopération française, le travail a déjà commencé dans ces localités.

Ayez-vous des ressources financières à la hauteur de votre programme ?

Actuellement, il faut reconnaître que nous disposons de peu de ressources. On vivote comme l’ensemble des sports de main. Pour ce faire, nous avons accompagné notre plan d’action d’une stratégie de communication espérant ainsi convaincre les différents partenaires qui voudraient nous soutenir. Il faut dire qu’on a de la chance; si je prends le cas de l’année passée, nos activités ont été financées grâce au concours de notre ministère de tutelle pour le championnat. Aussi, nous avons eu le soutien de la SONABHY, des structures partenaires comme l’INJEPS au sein duquel il y a un projet néerlandais qui s’occupe de l’appui aux différentes Fédérations par la formation. Nos projets de formation ont été assurés par cette structure.

Etes-vous satisfait du travail déjà réalisé ?


Le potentiel existe, ce sont les moyens qui manquent. Nous sommes satisfaits parce que nous avons pu réaliser treize activités sur quinze au total. Ce qui reperésente un taux de réussite de plus de 80%. La grande activité que l’on n’a pas pu réaliser c’est le forum sur le basket-ball qui devrait nous aider à prendre l’avis de l’ensemble des acteurs et des dirigeants et aussi faire adopter les textes que nous avons préparés. Il faut dire qu’on a élaboré un certain nombre de textes qui doivent régir le fonctionnement de la discipline au niveau national. On s’est dit qu’il était intéressant de réunir pendant deux ou trois jours les acteurs et les dirigeants du basket-ball pour voir comment on peut adopter ces textes. Parce qu’il faut éviter qu’il y ait d’autres structures qui agissent sans avoir le quitus de la Fédération. Pour parler du championnat proprement dit, on a pu jouer dans toutes les catégories et cela nous a permis de voir la qualité technique des joueurs dans tous le pays.

Quelle différence faites-vous entre le basket-ball d’aujourd’hui et celui de votre époque ?

La grande différence est qu’aujourd’hui, les joueurs manquent beaucoup de qualité technique. Mais cela n’est pas de leur faute. A l’époque, nous avions eu la chance d’avoir un encadrement technique de bonne facture qui nous a appris à jouer. Aujourd’hui, les enfants n’ont pas la chance d’avoir cette opportunité, c’est pourquoi nous avons inclus dans notre programme le volet formation des formateurs.

De nos jours, quand vous assistez à un match, vous constatez que les enfants n’ont même pas les fondamentaux.

Lorsqu’on n’acquiert pas certains réflexes ou techniques de base, cela devient impossible par la suite.

Qu’est-ce qui manque pour que le basket-ball burkinabè soit compétitif ?

C’est juste une politique et les moyens sinon le potentiel existe. Si on arrive à mettre une bonne politique avec deux ans de travail ardu, rien ne nous empêchera d’atteindre nos objectifs. Cette année, nous avons décidé de préparer les seniors hommes pour la CAN 2007. Je parlais tantôt de potentiel, voici quelque chose d’intéressant qui n’existait pas il y a de cela 10 ans.

Avant, on n’avait pas l’opportunité d’avoir des jeunes qui s’expriment dans des championnats européens et américains. Aujourd’hui, c’est tout à fait le contraire. Le Burkina a des professionnels et nous avons des contacts réguliers avec eux.

Nous essayons de voir comment ils peuvent intégrer l’équipe nationale. Et ce qui est très intéressant, c’est que ces joueurs qui sont au nombre d’une dizaine constituent un canal, une ouverture sur l’étranger pour ceux qui sont toujours au pays.

Vous avez relevé les prix jusqu’au niveau record de un million ; quel a été le secret ?

Une fédération ne doit pas faire de l’épargne. On ne rejoint pas une fédération pour se remplir les poches. C’est du bénévolat. Et lorsqu’on élabore un budget et que l’on arrive à réunir les fonds, ils doivent être alloués aux activités prévues dans le budget.

On a développé une stratégie pour doter nos prix. Ils sont mis à concurrence au niveau des structures.

L’année passée, c’est la SONABHY qui a octroyé les prix. Cette année, nous allons chercher un partenaire.

Quelle comparaison faites-vous entre le basket-ball féminin et celui des hommes au Burkina ?

C’est le jour et la nuit. Le basket-ball féminin est complètement mort au Burkina. Le championnat est joué avec seulement quatre équipes 2 à Ouaga, 2 à Bobo. Et encore, c’est des équipes vieillissantes. C’est dire que c’est la dernière génération de basketteuses qui aujourd’hui animent le championnat. Alors, on a imposé pour cette année que chaque club ait une catégorie minime et cadette fille. Sinon dans moins de 5 ans, on ne parlera plus de basket féminin au Burkina.

Quelles sont vos relations avec les autres fédérations sœurs ?

Il faut dire que dès notre élection nous devrions aller à Abidjan. Mais vu la crise qui sévit, ça nous a ralentis.

On a quand même des contacts directs avec FIBA Afrique qui est basée à Abidjan et avec son secrétariat. Et nous sommes constamment informés de tout ce qui se passe en matière de basket-ball sur le plan international et au niveau de la zone, nous recevons constamment des lettres d’invitation et même la dernière que nous avons reçue il y a 2 mois de cela, (entretien réalisé le 30 décembre 2005) nous demandait d’organiser la CAN ici. Mais ce n’est pas possible parce que le palais des sports n’est toujours pas prêt.

La FIBA aimerait bien délocaliser certaines activités et comme nous sommes le premier pays proche d’eux, ils savent qu’au niveau du Burkina, il y a le potentiel. Ils essaient de voir comment on peut travailler ensemble.

Quand est-ce que vous allez commencer le championnat ?

Cette année, on compte commencer en février pour pouvoir finir avant les examens de fin d’année parce que la majorité des joueurs sont des élèves. Et maintenant enchaîner avec les coupes.

Quel appel avez-vous à lancer ?

Notre problème majeur est financier. Du point de vue de l’appui technique, notre équipe est très bien étoffée. Nous avons des hommes qualifiés et cela ne constitue pas un problème pour nous.